Snakestone

Une existence augmentée ou diminuée selon les différentes étapes temporelles qu'elle traverse d'intensité variable selon les points de vue et les angles d'approche
(les existences moindres, Lapoujade X Etienne Souriau)
Considération purement formelle et plastique, objet-fossile
Considération terre-à-terre, scientifique (matière composite, datation, savoirs et lectures que l'on peut en faire par rapport à un ou plusieurs domaines sci)
En tant qu'élément faisant partie d'un tout, d'un animal ou d'une collection entière

De l'inexistant (void / bactérie) vers le vivant, puis du sensible à l'inerte (mort), le fossile témoigne d'un changement de statut et d'une progression, de l'émergence de la vie puis du retour au néant. Alien pris au piège dans un bloc de calcaire, vestige des capacités de transformation d'un aïeul lointain et abstrait, il catalyse des identités plurielles qui le composent. Tout comme la plante vit avec son substrat, le fossile vit avec son bagage spirituel et matériel, passé et présent, qu'il comporte dans son être sans pour autant l'être directement. En étant fragment d'un agencement plus grand, en étant un reste d'une chose ayant vécu auparavant, ses contours sont indistincts et il abrite une cohabitation de notions hybrides, mélanges ontologiques formels, matériels, spirituels, temporels ou encore fantasmés.

La structure osseuse d'un animal massif, la carapace d'un nautile abyssal; armure extérieure ou squelette interne, c'est la robustesse de l'être qui se retrouve pris dans une gangue de roche et forme le corps du fossile, son existence physique. Une nouvelle matière composite issue des corps de ses congénères, ceux des générations précédentes, suivantes, et de tous les autres. Son unité est désormais multiple et c'est dans une collaboration post-mortem que tous les individus se rassemblent pour former les sédiments nécessaire à la conservation de ceux qui se feront témoignage de leur époque.

Il est objet, individuel, mais composé de multiples couches de notions, d'idées, de concepts et de matières. En deçà de l'individu qui fut autrefois vivant se trouve un panel d'identités broyées, séparées puis réagrégées par les forces telluriques pour former une nouvelle entité collaborative. Plus que le vestige d'un être ayant vécu autrefois, c'est un hyperobjet connecté non seulement à sa nature formelle mais aussi à toutes ces autres notions. Son existence se déploie dans le temps, dont la naissance provient de la mort de l'être originel et qui peut-être un jour sera à nouveau digéré par du magma en fusion.

Imaginer les kilotonnes de roches et de sédiments compactes qui ont tenté de réabsorber l'être sensible, mène vers une échelle de grandeur inhumaine et vertigineuse. (source de fascination : déplacement des perceptions possibles vers des ordres de grandeur ordinairement innaccessibles)

Snakestones
Nom donné aux ammonnites à l'époque où on pensait qu'il s'agissait de serpents (christiannisme / ornement / spiritualité)

( Il est dur de ne pas superposer tel un fantôme l'entité ayant autrefois habité la coquille, désormais vide et dont la silice originelle fut remplacée au fil des années par des milliers de particules différentes.)
(matérialisation d'une ultime tentative de résistance inconsciente et involontaire à l'oblitération)

Il s'agit d'un temps marqué dans l'enchaînement inéluctable des forces de la nature tentant constamment de rétablir un équilibre cosmique/ et un statut quo : ce qui s'est élevé de la poussière retournera à la poussière, etc.

Fragment d'identité incomplet, trace de l'apparat du vivant et de tout ce qui faisait support de l'organisme :

La reconstitution d'un squelette n'a de sens que pour un public, amateur ou savant : la monstration des fossiles ne prendra pas la même forme selon les destinataires. Le témoignage qu'il fourni sur l'animal ou la plante dont il faisait partie n'aura pas le même impact ni la même ampleur selon le contexte dans lequel il est reçu : les fines dendrites d'une fougère préhistorique se déployant sur un bloc de granit pourront aussi bien être saisies comme une forme purement abstraite et délicate issue de la poésie de la nature, mais aussi d'être d'une étonnante clarté pour un œil scientifique aguerri qui saura avec précision d'où provient l'objet et qui pourra compléter ses connaissances en analysant ses circonvolutions et le considérera comme une source de savoir et d'études.

1. A existé en tant qu'organisme vivant
PASSE

2. Existe en tant que système - squelette
PASSE - PRESENT

3. Existe en tant que matière composite - sédiments - organismes décomposés
PRESENT - PASSE - IDEE

3. Existe en tant que forme physique géométrique esthétique
PRESENT - MATIERE

3. Existe par les forces ayant supposément formé le fossile (telluriques/scientifiques ou chtoniennes/esotériques
SPIRITUELLES - UNIVERSELLES

3. Existe en tant que projection subjective du public
PRESENT - SPIRITUEL

3. Existe en tant que potentiel scientifique - savoirs
PRESENT - SPIRITUEL

3. 8. Présence dans une collection / agencement porteur de sens (subjectif) POST-FORME > Nouveau contexte

"Voyez-vous, vous serez un million de million de particules dissociées, dont chacune est un peu de vous mais dont seule la totalité forme votre vous réel. Chaque particule sera consciente, et aura conscience d'être incomplète. Pourtant, l'ensemble de votre vous sera éparpillé à travers l'espace et le temps, car la Matrice qui régira l'Univers vous régira également. (…)
Où serez-vous, combien de temps vos particules éparpillées tendrons l'une vers l'autre, quelle sera votre relation à l'égard de l'univers tout entier, je l'ignore. Et peut-être ne le saurais-je jamais. Voilà pourquoi je l'appelle l'éternelle Errance."

L'homme dissocié - Nat Schnachner Bouquin SF pas tip top

"Être une image signifie être hors de soi, être étranger à son corps et à son âme. Notre forme acquiert un être différent de son être naturel, un être que les scolastiques appellent esse extraneum, être étranger, être étrange. Ce qui signifie que les images n'ont pas un être naturel, mais un esse extraneum : entre corps et esprit qui donnent lieu à l'être naturel, il y a un être étranger. En d'autres termes, les formes sont capables de passer par un état qui ne correspond ni à l'être naturel qu'elles détiennent dans leur existence corporelle (physique, mondaine), ni à l'être spirituel où elles se trouvent quand elles sont connues ou perçues par quelqu'un.

Pour chaque forme, devenir image, c'est faire l'expérience de et exil indolore de son lieu propre, dans un espace supplémentaire qui n'est ni celui de l'objet, ni celui du sujet, mais qui dérive du premier et alimente et rend possible la vie du second. Parce que le sensible est une transformation des corps qui détermine et oriente les esprits. Tout sensible est donc le résultat de la fracture entre la forme de quelque chose et le lieu de son existence et de sa conscience. Le cogito du miroir est en sommes le suivant : je ne suis plus où j'existe ni où je pense. "
Emmanuele Coccia, La vie sensible

SNAKESTONEs
(pe titre texte ?)

La faim du tigre
p51

Un jour, il y a un milliard d'années, ou plus, ou moins, peu importe, sur la surface stérile de la Terre, un grain de matière inerte se mit à vivre. Ce n'était rien, ça n'avait pas de forme, ça ne sentait pas, ça ne pensait pas, ça ne voulait rien, c'était invisible ridiculement rien du tout . (...)
L'esrit humain, ou du moins l'esprit occidental, logique, à tendance à aller du simple au moins simple, et du moins simple au compliqué en suivant la complication à la trace, sans jamais perdre le fil, sans cesser de saisir les enchevêtrements.
C'est pourquoi il s'est plu à penser que la vie avait fait comme lui, était allée de la première cellule aux multitudes d'êtres unicellulaires puis aux organismes pluricellulaires, puis aux organisations de cellules différenciées et de là à tout ce qui est aujourd'hui vivant sur la Terre. Les plus logiques parmi nos esprits logiques affirment que cela s'est passé ainsi. Et notre logique à tendance à les croire. Il nous semblent bien qu'ils aient raison.

Joseph Beuys - Défense de la Nature (jardins infinis : une anthologie)

La question de la nature même du temps : quelle est-elle? Quel rapport entretient-il avec moi? De quelle manière toutes les parties qui me composent existent-elles et se transforment, comment s'avancent-elles vers l'éternité - ou comment se développent-elles à travers des cycles écologiques pour ensuite rencontrer de nouveaux l'arbre, quand il aura grandi et sera mûr?

C'est à travers l'élément temporel que l'individu à l'intuition de son destin et prie l'humanité d'avoir confiance en son propre destin. C'est à travers le temps que l'individu s'interroge sur la nature et sur la spécificité de son destin et de ses responsabilités. C'est encore à travers la rencontre avec nous-même grâce à la médiation et à la concentration sur l"'élément temporel que les êtres humains peuvent apercevoir l'existence de niveaux de créativité plus élevés.

Fossile aux origines célestes ou souterraines

Fitz Heider - Chose et médium

La transmission par les traces

Quelque chose de statique peut aussi faire office de transmetteur (...) Plus le medium sera libre au moment où la trace s'imprime en lui, plus la trace sera caractéristique. Le médium épousera d'autant mieux ce qui s'imprime.
(...)
Or, si la trace est à présent auto-déterminée et n'est plus modifiée au gré des influences externes, (autrement la trace s'effacerait) la forme qui la soutient désormais de l'intérieur est, dans son ensemble, déterminée du dehors. Le caractère dont elle fait preuve contre toute tentative d'influence extérieure lui a été imposée une fois pour toute du dehors. C'est là le sens de toute "fixation", qu'il s'agisse d'une plaque photo ou d'un dessin au charbon. Une fois fondue, elle permet de cristalliser une masse plastique.
(...)

La représentation consiste en une unité qui a une ressemblance avec le prorotype.
(...)

Pour deveniri statique, la multiplicité doit s'organiser dans une simultanéité spatiale et être associée à une unité solide.

La connaissance médiate

L'objet de connaissance a toujours quelque chose d'unitaire, que cette connaissance relève d'une unité statique ou d'un processus homogène qui parle pour lui-même, un processus auto-engendré.

Par le biais des unités chosiques, nous percevons à travers toutes les répercussions, dans la mesure où les données à notre disposition nous le permettent.

Les choses sont des objets de connaissance, les médias font office de transmetteur. Evenement ondulatoire multiple entre les choses il y a l'air vide. Nous n'avons aucun rapport avec bien des choses qui évoluent autour de nous (modalités par lesquelles s'opèrent les sauts de molécules.)

Timur Si Qin Esthétique de la contingence
https://www.pca-stream.com/fr/articles/timur-si-qin-esthetique-contingence-materialisme-evolution-art-108

Compétition biologique/théorie des jeux
Au lieu de cela, la dynamique fondamentale de l'évolution cosmique repose sur la contingence. Est contingent ce qui est imprévu ou aléatoire et ce qui est inévitable. Les contingentes accidentelles des mutations ainsi que les contraintes contingentes de l'environnement forment les morphologies des plantes, des animaux, des quasars et des protons.
Ce n'est pas la compétition qui est au coeur de l'évolution mais l'interdépendance de l'ensemble du vivant, et à un niveau d'ordre cosmique, le changement et la transformation inévitable de toute chose.

Réification (chosification)
Considérer une idée abstraite comme une chose concrète.

Ecosystème de signifiants
Les objets et images qui peuplent notre monde sont d'abord et avant tout perçus comme possédant des allégeances inhérentes